Dans cet article,
On va parler de plastique dans les cantines, changement climatique, perturbateurs endocriniens, zéro déchet … mais aussi de contrôle d’alcoolémie, de sexualité des bulots, et même de … Marc Dorcel. Impossible dites-vous ? Et bien lisez donc ce qui suit. Et voyez comme ma devise « Soit je crie, soit j’écris » prend tout son sens …
Petit préambule : Le Climax à Bordeaux
Cet été, j’ai eu l’immense honneur d’être invitée au Climax Festival de Bordeaux. Comme son nom un peu olé-olé ne l’indique pas; le Climax n’est pas un rassemblement orgiaque sponsorisé par Marc Dorcel; mais un événement qui se veut être une « éco-mobilisation » autour du changement climatique; et qui mêle concerts, conférences, art performances … . Cette année se déroulait la 3ème édition du Festival; sur les sites de Darwin et du Parc Palmer; avec une programmation musicale de foufou (Paul Kalkbrenner, Morcheeba, Franz Ferdinand et j’en passe…) et une thématique de conférences liée à l’alimentation. L’alimentation; sujet clé dans ce qu’il implique pour la planète … et plutôt d’actualité (Bio addict, Vegan, Gluten free et autres végétaliens ne diront pas le contraire).
Bref, je n’étais que joie, bonheur et allégresse à l’idée de pouvoir participer à cette manifestation. Malheureusement; mon agenda de ce début septembre s’étant rapidement alourdi de rentrée scolaire, suivi de chantier, préparation de déménagement et autres parcours de la mère combattante ; je me suis rapidement trouvée dans l’obligation de demander au Climax de décaler l’événement. Mais il semblerait que ma requête se soit injustement perdue dans les méandres spamesques, et qu’aucun organisateur n’ait pu en prendre connaissance; puisque la date fut maintenue. Je me suis alors tournée vers l’éducation nationale, et les ai prié de bien vouloir procéder au report de la rentrée scolaire 2017, bien cordialement, merci ; mais, comme je m’y attendais; rien n’a été fait pour accéder à ma demande. (Bande de fonctionnaires). Il ne me restait donc plus qu’à voir avec l’entrepreneur; qui lui; avait apparemment anticipé ce sujet et stoppé net les travaux depuis quelques temps, pour pouvoir décaler la fin de chantier de plusieurs semaines jours. Et me permettre d’aller au festival. Bonté pure.
Pourtant, et malgré cet acte de dévotion sincère ; le destin s’est acharné et des empêchements de dernière minute m’ont contraint à limiter ma participation au Climax (bref, j’ai 2 enfants). J’ai tout de même pu aller faire un tour sur les 2 sites; écouter Morcheeba (l’un de mes groupes préférés) (après Les Musclés), ainsi qu’assister notamment à cette conférence sur les plastiques dans les cantines.
Pourquoi celle-ci ? Parce que le plastique, c’est depuis toujours mon comb … Oui, Oh bon, OK hein ! Non, ce n’est pas vrai, effectivement. On ne va pas se mentir; surtout parce que c’était l’une des seules auxquelles je pouvais assister. Et aussi parce qu’avec l’aîné qui rentrait cette année à l’école (mon bébéééééé) cela m’intriguait tout de même un peu, de comprendre en quoi le plastique dans les cantines pouvait être nuisible.
Et bien je n’ai pas été déçue…
Ne partez pas maintenant, je vous raconte pourquoi…
Ça commence par un truc dont tout le monde parle en ce moment, le genre de truc qui donne bien la pèche le matin au réveil si par bonheur la radio; entre 2 flash météo « alertes inondations »; décide de faire un focus dessus. J’ai nommé, les perturbateurs endocriniens (sous vous applaudissements).
Je ne vous refait pas le speech, vous savez probablement déjà qu’ils sont partout. Si ça se trouve; vous faites même peut-être partie des résignés qui en ont ras le bol d’en entendre parler -ce qui est quelque part compréhensible – et qui déclarent « faut bien mourir de quelque chose !« . Probablement n’avez vous pas encore été confronté à l’un de leurs effets délétères … (petits veinards).
Dans les faits notables que je peux vous relater, j’ai tout de même retenu que l’Aquitaine remporte la palme de … (roulement de tambours) … la plus faible concentration en spermatozoïdes ! Bravo bravo ! On applaudit les pesticides dans les vignes pour leur contribution ! Ah il fait moins le malin le Bordelais là … Allez, tiens, c’est cadeau; tu peux l’ajouter à ta liste des « Bordeaux ville la plus … » : susceptible de te donner des problèmes de fertilité. Gloups.
Autre fait marquant, illustrant l’effet des perturbateurs sur le système hormonal et notamment sur le développement des organes génitaux. Figurez-vous que même le Bassin d’Arcachon n’est pas épargné, et que l’une des conséquences a été observée sur … les bulots.
Illustration à l’appui, on nous a ainsi appris que le développement d’organes sexuels mâles chez des mollusques marins femelles comme les bulots et les escargots était devenu fréquent. Vous imaginez mon émotion en découvrant d’une part que cette petite excroissance n’était autre que le pénis du bulot; que potentiellement il avait donc AUSSI un vagin; et que je venais de m’en faire une demi-douzaine la veille au soir. Le choc. Je vous épargne la photo, on est à la limite du gore (et je risquerai de me faire épingler par le CSA à cette heure de grande écoute).
Mais trêve de plaisanterie, revenons à nos moutons (en sauce dans une barquette en plastique). Une fois posés les dangers des perturbateurs; dont les plastiques sont remplis; nous voilà de retour à l’école. Dans les cantines plus exactement.
La Mairie de Bordeaux,
Tout comme d’autres villes de France; a récemment fini de remplacer tous les contenants inox et/ou porcelaine par des pièces en plastiques. La raison affichée est certes louable; puisqu’il s’agit avant tout de réduire les troubles musculo-squelettiques des personnels de cantines (diminution du poids et du bruit liés à la manipulation des plats en porcelaine ou inox). Là où le bas blesse; c’est que ce changement a été fait sans concertation, et surtout; sans étude préalable des conséquences possibles sur la santé des enfants. Tiens donc. Car qui dit plastiques, cantines … dit probable exposition aux perturbateurs endocriniens, à la période la plus critique de la vie : l’enfance ! Alors forcément, plusieurs questions se posent.
D’une part, parce que les assiettes et verres, ne sont pas les seuls concernés. L’ensemble de la chaine des contenants est désormais « plastifié » : de la cuisine centrale à celle de la cantine. Les plats sont conditionnés en barquettes, certains d’entres eux sont réchauffés dans des petites poches plastiques … Or l’on sait que le fait de chauffer un aliment dans un emballage plastifié engendre une migration des particules vers l’aliment. D’autre part, les assiettes ne sont garanties que pour … 500 lavages, soit 1 à 2 ans d’utilisation maximum. Évidemment, il n’est pas prévu de renouveler le matériel aussi fréquemment. Il y a donc un risque avéré de rayures (rayures qui ont déjà été relevées après 2 mois seulement d’utilisation !), engendrant à la fois une migration supérieure des particules; mais aussi une potentielle menace bactérienne !
De ce point de vue, le principe de précaution n’est donc pas adopté; et l’on oppose la santé des personnels à celle des enfants …
Mais d’autres points très étonnants méritent également d’être soulevés. A l’heure où de plus en plus de cantines mettent du bio au menu, où de plus en plus d’écoles affichent l' »Ecolabel » pour la gestion (proche du) zéro déchet de leur établissement; voilà que l’on fait un énorme – et assez incompréhensible – retour en arrière en matière de traitement des déchets avec ces milliers de contenants jetables : barquettes, sacs plastiques à usage unique (!)… vaisselle renouvelable tous les 5 ans… (la vaisselle serait néanmoins recyclable nous dit-on, en (attention à ne pas vous étouffer…) poignées de pichet. Oui, Parfaitement ^^). Et tout cela, là où l’ancien système fonctionnait -et plutôt bien !- depuis des décennies… Qui plus est, aucune économie n’est réalisée par ce passage aux assiettes plastiques; au contraire même; puisque ces matériaux et leur traitement représente un coût supérieur à celui de l’ancienne formule !
Des collectifs de parents se sont donc mobilisés
pour tenter d’obtenir des réponses à ces questions, et essayer d’imaginer une solution qui puisse à la fois préserver la santé des personnels mais aussi celle des enfants. Pour mettre fin à la polémique, La Mairie a fait réaliser des analyses chimiques et biologiques sur cette nouvelle vaisselle, dont les résultats ont été publié avec ce commentaire : « Aucun impact détecté sur les activités des hormones » … Malheureusement, l‘étude n’ayant pas été commanditée en concertation avec les collectifs et scientifiques qui les accompagnent; de nombreux points sont largement contestables. Les résultats sont incomplets (seul l’impact à 10 jours a été étudié) et la présence de BPA (pourtant interdit depuis 2015 !) a été relevée. La législation française les interdit pourtant complétement de tout contenant alimentaire, mais on y oppose que les quantités de perturbateurs restent inférieures à la « Législation Européenne en vigueur ». Ah ! bah OK, alors, aucun problème dans ce cas ! Puisque comme chacun sait; en dehors de la cantine, les enfants vivent dans une grotte et ne sont nullement exposés à d’autres perturbateurs par ailleurs, qui viendraient s’ajouter et exploser le « seuil de tolérance » !
On le sent là, que ça m’énerve cette histoire de norme ?!!
Tout le monde se cache derrière cette fameuse quantité limite tolérée et elle devient l’argument massue … l’arbre qui cache la forêt !
Imaginez un contrôle d’alcoolémie où au lieu de mesurer le taux dans le sang, on mesurerait le taux du verre qui vient d’être bu. « C’est bon M’sieur l’agent, y a 0,24 grammes d’alcool dans ce verre donc je respecte la norme hein ! (Bon OK. J’ai pris 15 verres comme ça, mais on s’en fout hein, c’est pas ça qu’on regarde !) »… . Et bien c’est exactement ce qu’il se passe avec les perturbateurs. On regarde la quantité dans le produit; mais pas ce que cela donne dans l’être humain ! On a surement bien trop peur de ce que l’on pourrait trouver … Une étude est cependant en cours et les premiers résultats – bien que peu étonnants – sont déjà alarmants … (à lire ici et ici).
Ce que j’en dis…
Certes; on a voulu réduire la pénibilité des personnels. – Et là je ne vais peut-être pas être très politiquement correcte – mais bon. Chaque métier a sa dose de pénibilité; et on vit quand même dans un monde où il faudrait que tout soit facile : je suis déménageur mais attention ! je ne veux pas porter de trucs trop lourds ! Je suis instit’ mais attention ! je ne veux surtout pas entendre de cris d’enfants ! Je fais du marketing mais attention ! je veux absolument rester honnête (Mouhaaa) … Évidemment, qu’il faut; dans la mesure du possible, rendre la tâche plus aisée et confortable. Mais pas au détriment de la santé de nos enfants ! Et puis, plutôt que de dépenser des sous en vaisselle en plastique et autres plats jetables, pourquoi ne pas utiliser cet argent pour embaucher plus de personnels dans les cantines ?
Bref, tout cela est franchement incompréhensible. D’autant qu’apparemment, les syndicats des personnels de cantines n’avaient pas soulevé ce point spécifique dans leurs recommandations … C’est à se demander s’il n’y a pas autre chose en jeu; un contrat avec un fournisseur de vaisselle, par exemple …?! D’autres modèles sont pourtant possibles : la ville de Strasbourg en est l’exemple; avec un retour aux matériaux inoffensifs dans les cantines, tout en devenant zéro déchet ! (suivez le lien pour plus d’infos). Et puis ce n’est pas comme si des générations et générations (dont vous faites surement partie) avaient connu le minitel autre chose que du plastique … Pourquoi vouloir changer quelque chose qui ne marchait franchement pas si mal !?
Alors voilà. J’étais venue un peu par opportunisme, un peu par curiosité. Et me voilà repartie avec l’idée que parfois, vraiment; on marche sur la tête … Et qu’encore une fois, ce sont nos enfants qui risquent de trinquer… Mais bien sur, il ne faut pas le dire trop fort. On ne sait jamais, ça pourrait déranger. Alors, si vous ne voulez pas passer pour un empêcheur de tourner en rond; surtout, Ne le dites à personne …
BORDELAIS ! (Vous pouvez soutenir ces actions même si vous ne l’êtes pas d’ailleurs ;-).)
- Si vous voulez soutenir les collectifs de parents, vous pouvez signer la pétition pour une cantine sans plastique ici.
- Et suivre également l’avancée des sujets sur la page Facebook du collectif.
- A noter : une réunion d’information aura lieu ce jeudi 20 septembre à 20H, dans la salle de l’Athénée municipale de Bordeaux.
7 comments
Tu as raison, on a l’impression de marcher sur la tête… Merci pour ce debrief…
Et oui, et encore; s’il n’y avait que ça … ! :-S
Merci pour cet article. Je fais toujours attention aux plastiques mais j’avais jamais pensé à la cantine des enfants. Je ne sais même pas comment elle est équipée. Je sais quelle question je vais poser ce soir en amant chercher les enfants…
Je t’avoue que moi non plus, avant d’en entendre parler; je n’y avais jamais pensé !! Je commence à me dire qu’il faut vraiment se méfier de tout … c’est un peu triste ! Merci en tout cas pour ton passage ici 🙂
Je t’adore, voilà c’est dit. Fermer la parenthèse. Bon… maintenant va falloir que je fasse mon enquête sur la cantine de ma fille… Bon… C’est le trou du fion du monde donc j’imagine qu’ils sont restés au bon vieux conteneur en inox mais sait-on jamais si un bon lobbie et un petit pot-de-vin était passé par là?
Comme tu vois, il m’a fallu un peu de temps pour me remettre de mes émotions après un tel compliment : venant de toi; j’en suis encore rouge et moite de plaisir 😉 Alors, bilan des courses; plastique ou pas chez toi ?? La bonne nouvelle à Bordeaux, c’est que Juppé fait marche arrière ! (bon du coup y a des grèves, on ne peut pas tout avoir :-P)) ! Mais ça donnera peut être l’impulsion pour d’autres villes…
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