Entre un ravitaillement de couches et deux rendez-vous chez le pédiatre,
Je me suis payé le luxe d’entrer dans une librairie. Histoire de faire une pause. De reprendre mon souffle et de redescendre sur terre, 3 minutes.
Je suis rentrée chez Mollat. Si vous n’êtes pas du coin, vous ne connaissez peut-être pas cette boutique emblématique du centre de Bordeaux, qui a élu domicile dans l’une des anciennes demeures de Montesquieu – je vous le présenterai un de ces quatre, véritable institution reconnue comme étant la première librairie indépendante de France. L’un des rares magasins où j’ai encore plaisir à dépenser mes sous.
J’adore cette librairie.
Vraiment. J’aime franchir la porte et me sentir immédiatement apaisée. J’aime parcourir les rayons, lire toutes les petites fiches épinglées sur les nouveautés, parcourir les premières pages d’un roman et avoir envie de le finir sur place, feuilleter les livres d’art, rêver à une reconversion improbable en regardant les étagères remplies de manuels en tout genre.
Il me faudrait plusieurs vies pour lire l’intégralité des ouvrages disponibles chez Mollat. Pourtant je ne peux réprimer ce sentiment étrange et pénétrant que m’inspire ce lieu, celui d’avoir toute la richesse du monde à portée de main, celui de tous les possibles.
Car le monde est là …
Tout ce qui existe sur cette terre. Tout ce que le monde a fait de meilleur – ou pas, d’ailleurs – tout ce que l’humanité a écrit, trouvé, produit, imaginé… Tout. est. là. L’histoire, la littérature, la géographie, l’astronomie, la politique, les religions, les arts… Tous ces domaines, consignés dans des milliers d’ouvrages. Qu’il me suffirait d’ouvrir pour découvrir. Et même si je ne repars généralement qu’avec une édition vintage du Journal de Mickey ou autre chef d’œuvre de la littérature américaine traitant des différentes nuances d’une même couleur (Aehem) ; j’ai quand même ce sentiment de toute puissance à chaque fois que je passe la porte de cet établissement.
Je pourrais écrire des pages sur cette librairie que j’affectionne tant, mais tel n’est pas mon propos (pensez-donc, l’article n’est même pas sponsorisé.) Non. Car finalement, cela pourrait s’appliquer à n’importe quelle librairie ou bibliothèque :
Entrer dans une librairie, c’est mettre le monde à ses pieds…
Et lire me manque. Je n’ai plus le temps, je ne prend plus le temps de découvrir de nouveaux auteurs ou de me plonger dans des classiques.
Mais avec l’arrivée de mes enfants, j’ai redécouvert un plaisir oublié.
Le soir, au lieu de m’installer confortablement sur mon canapé pour lire un bouquin, je me glisse sous la mini-couette de mon ainé pour regarder un livre avec lui. Et je dis bien regarder… Comme beaucoup de parents, j’ai évidemment à cœur de donner le goût des livres à ma progéniture. Pas de restriction – si ce n’est budgétaire, on n’est pas Crésus non plus – sur les albums pour enfants à la maison. J’ai même rapatrié certains ouvrages que je lisais moi même étant petite.
Et c’est en parcourant leurs pages que je me suis souvenue.
Un surtout. Je l’avais oublié, la couverture ne me disait rien. En l’ouvrant pourtant, je suis tombée sur une image. Et je me suis rappelé. Je me suis souvenue de ces heures passées à écouter cette histoire, d’une oreille distraite parfois. La même, plusieurs fois. Le son des pages qui se tournent, la voix qui raconte, le récit qui ne change pas. Et pourtant, la magie qui opère toujours, à chaque fois que l’image apparait. L’image. Les images. Celles qui racontent tellement plus que les quelques lignes que Maman me lit. Celles que je lis, moi, avec mes codes, mes idées et tout mon imaginaire. Celles qui détaillent toute l’histoire, celles qui fournissent les explications muettes, celles qui interrogent aussi. Celles qui me donnent envie d’en savoir plus.
Les images. Les dessins. Les illustrations…
L’émotion provoquée par ces images m’a presque surprise. Et pourtant, elle est sans doute à l’origine de ma passion actuelle pour les livres. À l’évidence, ce sont d’abord leurs illustrations qui m’ont fascinées. Ce sont leurs images qui m’ont donné envie d’apprendre à lire, très vite, trop vite peut-être. Car quand on sait déchiffrer quelques lignes, s’attarde-t-on vraiment sur les dessins qui les accompagnent ?
Depuis cette (re)découverte, je prend un plaisir grandissant à regarder les albums avec mes enfants. Surtout ceux qui ont de belles images. À les interroger sur ce qu’ils y voient, ce qu’ils en pensent, ce qu’ils aiment, ce qui les étonne ou parfois même ce qui les effraie. À cultiver leur imaginaire.
J’espère sincèrement les aider à développer leur créativité, leur donner le goût de lire, et plus généralement le goût des livres, de tous les livres.
Qu’ils puissent un jour eux aussi, rentrer dans une librairie, se perdre dans les rayons, ouvrir un livre, en reposer un autre. Se dire que tout est possible, et qui sait, mettre le monde à leurs pieds.
Ce billet un peu fourre-tout sera – je l’espère – le préambule d’une rubrique que je souhaite mettre en place depuis longtemps, sur les albums enfants qui cartonnent à la maison (et il y en a !). Alors, OK OK, vous commencez à me connaitre (ou pas), j’aime bien lancer des trucs comme ça et je ne fais pas toujours ce que je dis. Cette fois encore, ce sera la surprise, pour vous comme pour moi ! Alors, soyez sympas; si vous vous rendez compte que je ne le fais pas… ne le dites à personne 😉
19 comments
Je passe parfois à Bordeaux, je ne connaissais pas ce lieu. Merci ! Si j’ai l’occasion j’irai voir.
Oui cette librairie vaut le coup ! On y trouve vraiment tout … 🙂
J’adore les librairies de quartier, les toutes petites dont les livres débordent des étagères et qui ont des libraires si sympas. Ce sont de loin mes boutiques préférées.
Quant aux albums jeunesse… hâte de découvrir ta (tes ?) sélection(s)
Celle-ci est particulièrement exceptionnelle, je dois dire ! Et oui, j’ai un paquet d’albums supers à conseiller, il faut maintenant que je prenne le temps d’écrire les articles ! Allez, je m’engage a en faire au moins un avant … Noël. Oh oui je sais ce n’est pas très téméraire mais me connaissant c’est déjà largement suffisant 😉 Merci en tout cas pour ton petit mot, ravie de te voir par ici, j’espère que tout va bien pour vous 5 !
À chaque fois que nous passons vers Bordeaux, c’est le rendez-vous assuré. J’adore cette librairie, qui me rappelle un peu le Gibert du Boul’Mich de ma jeunesse, les Ombres Blanches de ma ville d’adoption… Tu as très bien rendu l’atmosphère que l’on ressent dès que l’on y pose les pieds, le calme, l’envie de surélever nos habitudes vers des sphères plus idéales(isées?). Je pourrais m’y perdre des heures (enfin si je les avais héhé).
Et ton article me replonge dans mes premières lectures. C’est marrant, les premières dont je me souviennent sont chez mes grands parents, dans une maison perdue sur les hauteurs des gorges du Verdon. Pas de télé, pas de voisins, pas de distractions autres que de recueillir les glands tombés au sol, construire des cabanes dans les forêts de chênes et imaginer se faire dévorer par un sanglier, faire de la balançoire le plus haut possible, pour toucher le ciel ou le lac quelques centaines de mètres en contrebas. Ou lire. Sur un vieux canapé en velours jaune moutarde (avant que ce ne soit la mode 😀 ), devant la cheminée, en regardant mon grand père lire ses volumes reliés de cuir religieusement, tout en les annotant.
Ma grand-mère était ma bibliothécaire, elle choisissait pour moi des romans qu’elle lisait au préalable, puis elle attendait patiemment que je referme la dernière page pour venir s’asseoir auprès de moi et recueillir mes pensées, mes émotions, me faire réfléchir sur l’histoire et les personnages. Elle a forgé mon goût pour la littérature sous toutes ses formes,et quand je lis à l’ombre une après-midi d’été, je vois toujours son regard à la fois sévère et doux, ses jupes fleuries cousues à la main, ses espadrilles et son potager.
Bref, merci Virginie pour cette si belle parenthèse, le rêve et les souvenirs qu’elle a suscités. Profite de tes enfants, des images, des mots, ces souvenirs que nous leur transmettons, ils n’ont pas de prix et sont notre plus belle richesse.
Mille bises.
Sarah
Et merci Sarah pour ce long commentaire qui me laisse toute touchée et émue. (Je crois qu’il est important de bien conserver le contexte pour la lecture de cette dernière phrase). Il me semble que ce n’est pas la première fois que tu évoques la maison de tes grands parents, tu en parles divinement bien et ça donne envie de se plonger avec toi chez eux … Je te laisse sur cet appel du pied à peine dissimulé – profite bien de Mollat (si ça se trouve tu y es en ce moment même !) Bises
Bonjour, je découvre ton blog et le trouve intéressant.
Merci pour cette adresse même si c’est un peu loin de chez moi 🙂
J’adore la littérature que ce soit enfantine ou non, je passerai des heures dans une librairie !
Rohnny
Oups… réponse tardive (très) (mais ne dit-on pas, mieux vaut tard que jamais^^). Merci beaucoup pour ce gentil commentaire ! Je te comprends, j’ai moi-même passé plus d’une heure hier chez Mollat (la librairie dont je parle dans l’article), alors que j’avais trouvé ce que je voulais en 5 minutes… j’ai résisté et je n’ai pas acheté plus de livres que ce qui était prévu, mais la tentation était grande – notamment au rayon livres enfants ;-)-
Cette librairie est sublime. Comme toi, j’aime flâner là où le livre est roi, si je m’écoutais j’achèterais des dizaines d’ouvrages, que je n’aurais jamais le temps de lire. Ton article a ravivé chez moi un souvenir très net: enfant, j’étais fascinée par les illustrations d’une Bible pour jeunes que possédait ma mère. Aujourd’hui, je suis tout ce qu’il y a de plus athée, mais ces illustrations déclenchent encore en moi la même émotion et la même fascination. Alors oui, je te rejoins sur le fait qu’une illustration est aussi importante que le texte en littérature de jeunesse.
Quel plaisir d’avoir ravivé ce souvenir ! Ce qui est fou c’est qu’avec cette image qui vient d’un livre apparemment plus vieux que moi; j’ai aussi vu mon frère ému en l’ouvrant quand il est tombé dessus chez moi par hasard … Je crois que l’on devrait au maximum garder les livres de nos enfants car c’est un vrai souvenir précieux pour les futurs adultes qu’ils sont !
Et si tu passes de temps en temps à Bordeaux, n’hésite pas à me faire signe, je serais ravie de prendre un café avec toi ! (Et avec Maman Délire qui viendra gratter des points sur ton challenge ;-))
c’est beau ….. je crois que je vais arrêter la télé, et me remettre à lire, plus souvent. ça fait longtemps que ça me travaille, mais il est temps de le faire vraiment !
La TV c’est dur de s’en passer ici aussi ! Mais bon il faudrait voir, je suis sure que si on me repassait les dessins animés de mon enfants je serai aussi émue. Cela dit ils n’étaient pas tous ultra gais, quand je repense à Tchaou le chiot errant qui cherchait sa maman (j’en ai déjà les larmes aux yeux) ou Princesse Sarah pauvre gamine maltraitée dans son orphelinat … ou comment déprimer un enfant de 5 ans !
Je trouve ça merveilleux qu’il puisse exister des endroits pareils… Quelle chance pour vous! Le lieu a l’air sublime avec une véritable atmosphère…
Oui, il y a vraiment une ambiance particulière; même si architecturalement parlant, les différentes pièces ne se valent pas toutes ! C’est aussi le charme des bouquins entreposés partout et pour la coup, la compétence incroyable des libraires qui me bluffent à chaque fois par la justesse de leur conseils et leur connaissance de tous les romans !
Comme tu as bien rendu le sentiment qui me tombe dessus à chaque fois que j’entre dans une bibliothèque ou une librairie… L’impression de milliers de fenêtres ouvertes chacune sur un monde ou des vies que je ne connaîtrais jamais, sauf si je me donne la peine de les ouvrir…
Ce que tu dis sur l’importance des illustrations des livres pour enfant me donne encore plus envie d’en illustrer un jour un 🙂
Merci 🙂
J’ai effectivement beaucoup pensé à toi en l’écrivant 🙂 Je serais à coup sur ta première fan !!
Lire (des livres) me manque terriblement également… Mais comme toi, je prends plaisir à partager ce moment lecture avec ma grande, un moment complice et simple. Nous prenons également le temps d’échanger sur ses « impressions »… Bref une véritable « soupape de décompression » dans un quotidien bien souvent trop rythmé !
C’est ça ! Et c’est vraiment un moment sympa; même si parfois j’ai vite envie de redescendre profiter de ma soirée; ou que je dois lire pour la 10ème fois le même livre 😉
J’A-DORE !! Tellement vrai…