« Le temps vole, pensit John. Quand il découvra la date sur la lettre, l’homme n’y croya pas. C’était le 12 de mars… déjà. »
Et oui. Un livre mal traduit, ça peut faire mal…
Ça fait un moment que je voulais parler de littérature ici, mais je ne savais pas vraiment sous quel angle l’aborder. Je suis assez nulle pour chroniquer les bouquins que j’ai aimé, je ne vois pas l’intérêt de parler de ceux qui ne m’ont pas plu, je ne me sens pas vraiment légitime pour parler d’écriture… et hormis lister les livres jeunesses que j’aime autant – voire plus – que mes enfants ; je n’avais pas vraiment d’idée…
Alors, quand j’ai reçu cette infographie de Babbel : « les secrets de la littérature française et internationale », à l’occasion de la Journée mondiale du livre, je me suis dit que c’était une bonne idée de sujet. Et j’ai réalisé que la traduction, ce truc qui nous échappe complétement la plupart du temps, est finalement déterminant dans l’appréciation, voire même le choix, de nos lectures…
Car voyez-vous, au moment où je rédige ce texte, je suis en pleine lecture d’un Stephen King. Une valeur sûre, à priori ; en tout cas pour moi qui suis une fan absolue de Shinning, Misery ou Carrie… Et pourtant, cette lecture s’avère des plus laborieuses ! Non pas que l’histoire me déplaise, mais je me suis fixée sur un détail qui me chiffonne : l’absence de négation. Plus exactement, l’absence du « ne » dans les locutions négatives. Depuis, je ne vois plus que ça. Oh, je sais ce que vous vous dites : « OK, ça va la relou, il en faut peu pour l’agacer la mémère, hein ! »
Je vous laisse donc juger par vous-mêmes :
Alors… C’est agaçant, n’est-ce pas ?
J’ai d’abord pensé à une volonté stylistique – après tout, pas mettre de ne dans une phrase négative, ça te pose son bonhomme, et puis j’ai remarqué que ce n’était pas nécessairement lié à un personnage, ni à un contexte. Et que ce n’était pas le cas tout le temps. Alors, forcément, on peut pas faire autrement que d’se poser la question, les gars.
Et si ça venait de la traduction… ?
Or, que nous apprend donc Babbel – qui, rappelons-le, est JUSTEMENT une « application premium d’apprentissage des langues pour une pratique avec assurance au quotidien » (sic) sur le sujet ?!
- Que les livres anglais sont les plus traduits (Ô étonnement)(Mais alors, que s’est-t-il passé Stephen ?!), MAIS que le français reste la deuxième langue la plus traduite dans le monde (Ô fierté et chauvinisme).
- Que les Français figurent parmi les lecteurs les plus assidus d’Europe : ils lisent en moyenne 6 heures et 54 minutes par semaine (Ô joie et précision), tout comme les Suisses, à la minute près, donc. (Ô précision, avons-nous dit).
- Que les titres les plus traduits sont principalement issus de la littérature enfantine, ce qui me rassure quant à mon amour immodéré des livres jeunesses – mais semble aussi signifier qu’on lit moins à l’âge adulte – et ça, c’est bien triste, ma pauvre Lucette. Dans l’ordre des œuvres les plus traduites : Le Petit Prince, Pinocchio, Alice au pays des merveilles, Les contes d’Andersen, Vingt mille lieux sous les mers…
- Que, parmi les auteurs qui ont connu un succès récent avec des millions d’exemplaires vendus, des dizaines de traductions, des séries télévisées, des films, des jouets, des caleçons, des verres à moutarde à l’effigie des personnages, et même des se… ah non, pas ça – : on peut citer Ken Follett avec « Les Piliers de la Terre » (je cherche activement le verre Amora) ou le Suisse Joël Dicker avec « La vérité sur l’affaire Harry Quebert » (ça c’est bon, j’ai déjà plein de boites de Harry Quobert à la maison) (Oui, elle était particulièrement nulle celle-là) (pardon.)
Enfin, l’autre réflexion quant à l’importance de la traduction m’a été inspirée par cette infographie :
Sur les 6 livres étrangers les plus vendus en France, j’en ai donc – tout de même – lu 5 (je vous laisse prendre les paris sur celui que je n’ai pas lu) (ce n’est sans doute pas celui auquel vous pensez) – et j’ai réalisé que pour tous ces bouquins, j’avais été attirée par l’histoire – ou les avis sur l’histoire – mais rarement par le style… Et je me suis demandé…
… Comment peut-on traduire la poésie et la « musique » d’une langue ?!
J’imagine que si Le Petit Prince connait un tel succès international, c’est qu’il est effectivement possible de retranscrire la magie des mots et des phrases d’une langue à une autre… Mais quel exercice ! Traduire un livre, en français ou à partir du français, est sans aucun doute un processus très délicat et complexe. Il faut certes jouer avec les styles (du style le plus littéral au style plus libre… J’hésite encore pour mon Stephen King en cours…), gérer les jeux de mots et faux-amis tout en étant capable de comprendre et retranscrire le contexte, les traditions et particularités locales qui influent sur l’état d’esprit de l’auteur et appréhender la « couleur » qu’il a voulu donner à ses personnages… Probablement plus complexe qu’il n’y parait !
Pourtant, de nombreux auteurs francophones sont désormais célèbres à l’étranger. Parmi eux, on peut citer Marc Levy, Guillaume Musso et Amélie Nothomb… Il est également intéressant de constater que la France a remporté 15 prix Nobel de littérature, grâce à des auteurs comme Albert Camus ou Jean-Paul Sartre… Alors, alors… Merci qui… ? Merci… Jacky et mich… les traducteurs, non ?!
Et pourtant, vous en connaissez, vous ? Parce que moi, je n’en connais aucun… ! Et même si, comme pour les chasseurs, il doit y avoir les bons et les mauvais ; je trouve dommage de ne pas honorer aussi ce métier et ce réel savoir-faire…
Alors, Chers traductrices et traducteurs…
J’ouvre aujourd’hui les yeux sur un art trop peu mis en valeur, et pourtant bien plus important qu’il n’y parait : le macramé la traduction. Je vous tire mon chapeau. (PS : chez M. King, il semble qu’il y ait du boulot.)
Je lis assez peu de littérature étrangère, quand j’y pense.
C’est dommage. Je suis assez sûre que la langue y est pour beaucoup. J’aime les belles phrases, les images, le rythme et la musique du français. Mais j’ai trouvé amusant de réfléchir à ces livres étrangers qui m’avaient plu, et ça m’a donné envie d’en découvrir d’autres. Je vous partage ma liste, et vous me donnez vos idées ? Car quand je réfléchis aux romans étrangers qui m’ont marquée, je me demande si le style et la langue ont été aussi déterminants que l’histoire, les idées véhiculées ou encore les personnages… La réponse n’est pas toujours évidente… ! Enfin… sauf peut-être pour le dernier. OK. J’admets. D’ailleurs, ne le dites à personne, mais c’était de la simple curiosité… 😉
Quelques livres étrangers que j’ai beaucoup aimé :
- Les Hauts de Hurlevent – Emilie Brontë
- Alice au pays des merveilles – Lewis Carroll
- L’attrape-coeur – J.D. Sallinger
- Le Journal de Bridget Jones – Helen Fielding
- Shinning – Stephen King
- 1984 – George Orwell
- My Absolute Darling – Gabriel Talent
- 50 Nuances de Grey – E. L. James
14 comments
je te réponds pas maintenant (note que j’ai omis le « ne »), parce que je vais faire dodo, mais je te répondrai parce que ça m’intéresse. Si je reviens pas (re-toc), fais-y moi penser. (au début de ton intro, j’ai cru entendre Lapin quand il se raconte une histoire tout seul : « le méchant dinosaure morda l’éléphant et il tombit et après le monstre l’écrasut »)
Ahah j’adore… dans la bouche d’un lapin ça passe crème 😉
Bon et maintenant tu reviens, je veux ta liste de titres étrangers !!
Alors alors alors ! Me voici reviendue, fraîche et dispose.
J’ai parlé de mes romans étrangers préférés parfois dans quelques articles de blog, mais au cas-où je ne t’aurais pas encore fait la pub : « le poids des secrets » d’Aki Shimazaki. Ce sont 5 nouvelles écrites selon le point de vue de protagonistes qui se situent à des générations différentes mais sont tous interconnectés. J’adore la simplicité et l’épure de la littérature japonaise.
Bien sûr, Chimamanda Ngozie Adichie est une lecture indispensable mais je suppose que tu connais déjà Americanah ? L’autre moitié du Soleil est un roman très puissant aussi.
Un très grand roman aussi est Racines de Alex Haley. Il a remonté sa généalogie jusqu’à son ancêtre originaire d’Afrique (la Gambie je crois) qui après sa déportation en Amérique comme esclave a fait souche là-bas. Extraordinaire.
Voilà, après il faut que je regarde dans ma bibliothèque mais ceux-là m’ont marquée.
Alors pour ce qui est du livre de la série de 6 que tu n’as pas lu, je mise sur le Da Vinci Code !
Pour ce qui est de mes romans étrangers préférés, eh bien j’ai bien aimé la série millenium. Sacré boulot à traduire !
Sinon, je connais un bon livre français qui n’a pas encore été traduit en anglais, et qui pourtant aurait dû potentiel : il s’appelle Le Village d’une certaine Virginie Delage 😉
Merci pour cet article fort intéressant et gratifiant pour les gens de l’ombre !
Héhé t’es trop mignonne 😉 pas prévu en tout cas pour le moment ! On devrait s’en trouver un perso, je suis sure que le tien a du potentiel outre-atlantique !!
Et non, le Da Vinci Code, je l’ai lu…
Non mais horrible ces phrases sans négation !! moi aussi ça m’aurait enervé… Je mise sur le millenium ? Et pour les bouquins étrangers je te conseille Blonde de Joyce Carole Oate, sure que tu vas aimer !! bises !!
Aaah, on est d’accord, c’est abominable ?! Ouiiiii il faut que je le lise, j’ai entendu je ne sais plus qui en parler comme un classique dans une émission (et je ne sais plus laquelle… ) Mais ça m’a donné envie !!
what the fuck ces erreurs grossières dans un stephen king !! chui choquée comme disent les jeunes !!! non mais attend c’est carrément une faute de traducteur, et aussi des relecteurs qui relisent le Français !!! mais que fait la police ( inutile de répondre à cette dernière question) non mais franchement, je bugge. c’est pas une histoire de moyens donc c’est uniquement de l’incompétence ! du coup tu me mets le doute, est ce que moi je ne remarque pas ce genre de choses ? ( pourtant je dois dire que je suis plutôt bonne en Français, en orthographe, donc je suppose que je l’aurais repéré…) je suis d’accord avec toi que c’est un vrai métier qui manque de reconnaissance. c’est pas du google traduction, que de retranscrire l’atmosphère d’un livre ( je souhaite bien du courage à celui ou celle qui traduira le tien en anglais !) bref. je repense aux derniers que j’ai lu et rien ne m’a choqué, certains étaient d’origine anglaise donc… c’est drôle car en regardant garry potter, j’ai réalise qu’à l’époque je les avais lu en anglais. impossible de savoir si ça m’aurait moins plu en francais. cela dit je n’aime pas trop les traductions des noms, comme poudlard ou poufsouffle, je trouve hogwarts tellement plus classe ! et hufflepuff rien à voir également bref… en ce qui me concerne j’ai vraiment adoré jane eyre, en francais. et aussi le seigneur des anneaux. oui j’ai besoin d’être transportée loin quand je lis !
Aaaaah non mais tu me rassures… Moi aussi je me suis demandé comment c’était possible ?! Honnêtement je ne suis pas la dernière à fère des faute (aehem) et c’est la première fois que j’ai été « choquée » dans ma lecture comme ça. Donc j’imagine que ce n’est pas si fréquent – de mémoire même 50 nuances de Grey ne m’avait pas heurté à ce point – (re-aehem)
En plus c’est une édition grand format, Albin Michel… Je me suis demandé si ce n’était pas une contrefaçon (ça peut exister ça, dans les livres ?!)
Chapeau en tout cas d’avoir lu Garry Potter en anglais ! C’est marrant qu’ils l’aient renommé Harry dans la version française… 😛
haha j’ai vu la faute sur Harry quand j’ai cliqué sur publier !! heureusement ils n’ont pas touché à son nom !!! déjà que rogue ne s’appelle pas comme ça, ni même celui dont on ne doit pas prononcer le nom… sans parler de longbottom :-))) ! et d’autres ont gardé leur nom. va comprendre Charles ! en tout cas en anglais c’était chouette, même si des choses m’ont parfois échappées, j’ai compris l’ensemble !
C’est pas fake les pages du bouquin ?!
Et non, même pas ^^
Toutes les traductions ne se valent pas en effet! Au bout d’un moment je crois que ça m’aurait fatigué aussi et que j’aurai passé le livre à tenter de repérer tous les passages où il n’y avait pas cette fichue négation!!!Non mais quelle idée!
Je lis pas mal de livres étrangers, mais j’avoue que pour ceux dont le style justement n’est pas une priorité, je préfère les lire en anglais, ils sont moins gnan-gnan…
J’ai remarqué une chose, les livres irlandais sont souvent très bien traduits!
Quelques livres que je recommande les yeux fermés: Inishowen de Joseph O’Connor, Wonder de RJ Palacio, Crime d’honneur d’Elif Shafak
Ah oui, la traduction ça compte.
D’ailleurs t’as pas parlé de ce livre qui a eu un franc succès grâce à sa traduction française. Mais si tu sais, un livre de nouvelles, un anglais? traduit par Baudelaire? La lettre volée? c’est pas toi que j’interroge, c’est ma mémoire … voilà, Edgard Allan Poe (merci google et wikipedia).
Bref, moi je n’ai jamais trop accroché sur S. King, mais je n’ai peut être lu que des versions mal traduites 😉 Par contre ces histoires de nuances de Grey, je te suis pas (en me relisant, je vois que je n’ai pas mis le ‘ne’, c’est dire si je te cherche). J’ai trouvé ça abominable à lire, tellement mal écrit ou traduit. Je crois même que je ne les ai pas lus jusqu’au bout. Par contre Harry Potter, je trouve ça bien écrit (ou traduit) avec un vocabulaire riche (ce qui n’est pas toujours le cas dans la littérature pour enfant (quoique, j’ai lu de très bons romans pour ado).
Mais du coup, dans les romans étrangers que j’ai lu, je ne saurai te dire si c’est l’écriture, la traduction ou l’histoire qui me plait. Mais là, je n’ai pas trop de neurones dispo pour la lecture (trop d’enfants en bas âge dans ma maison), à défaut je me marre des traductions d’annonces ou de commentaires sur amazon 😉