Et puis, il a bien fallu retourner travailler.

Je ne m’étais pas vraiment inquiétée de la garde de mon fils à l’époque. Probablement encore baignée des hormones euphorisantes de la maternité (best drogue ever), j’étais persuadée que l’on trouverait sans problème une solution de garde pour Gremlins premier. Car oui, je vous parle d’un temps que les moins de 5 ans… Bref, c’était il y a longtemps. Mais peu importe, je parle de ce que je veux quand je veux. Na.

Je savais depuis belle lurette que pour la crèche, c’était niet.

No, Nein, Non, Pô possible ; Keine moglichkeit !! Ce n’était pas faute d’avoir anticipé pourtant, mais renseignements pris à 4 mois de grossesse : « Nous n’avons malheureusement pas de place – blablabla – Il eusse fallut que vous accouchiez demain – blablabla- nous vous conseillons pour votre prochain enfant de nous tenir au courant lors de la conception – blablabla – Veuillez agréer blablabla – Demmerdez-vous donc cordialement. La ville de Bordeaux ».

J’avais donc mis le sujet de côté – hop on n’en parle plus ça n’existe plus -, en me disant que de toute façon, j’avais bien le temps. C’est d’ailleurs très zen que j’ai décidé de me (re)pencher sur la question, pour les 3 mois du lutin – 2 mois à peine avant de reprendre. Zen je vous dis. Quand j’ai appelé le relais d’assistantes maternelles – RAM pour les intimes -, je me suis rendue compte que celui de mon quartier hyper bobo franchement-si-tu-trouves-pas-là !! – (les Chartrons, alias le petit Paris) (ceux qui savent…) donc le RAM était… fermé. Mouha ! Heureusement, la mairie a eu les mots pour me rassurer : « C’est une fermeture provisoire, il y avait des problèmes… ahem ». OK, bon. Et ça ré-ouvre quand ? Vous savez où je peux me renseigner d’ici là ? – « Ah ça ! aucune idée ! Z’avez qu’à en parler autour de vous ! ». Ce qui aurait dû être un premier électrochoc ne m’a pas fait redescendre pour autant. Toujours aussi pleine d’espoir et d’optimisme (mes neurones n’étaient visiblement pas revenus), je suis donc partie à la recherche des coordonnées des nounous perdues. Grâce aux forums et autres groupes internet (Youpi-Facebook), j’ai fini par récupérer l’adresse de 12 guérisseurs et les coordonnées d’un marabout qui garde tes enfants à distance le Graal du jeune parent ; LA liste des assistantes maternelles par quartier.

J’avais une idée très précise de ce que je voulais.

Une nounou, à moins de 5 minutes à pieds, flexible sur les horaires pour s’adapter à notre emploi du temps, avec un grand jardin et une pièce remplie de jouets. Vieille et moche si possible (pour faire peur à Biquet) mais pas trop non plus (pour ne pas faire peur à Loulou). Ah oui, et anglaise évidemment, pour que mon rejeton soit bilingue avant même de savoir dire Maman.

Bingo ! Quand j’ai commencé à regarder autour de chez nous, j’ai eu la satisfaction de voir que je n’avais pas moins d’une dizaine de nounous à proximité, dont 4 qui avaient un nom aux consonances clairement british. J’allais trouver, finger in the nose, c’était sûr.

Mon premier coup de fil m’a d’ailleurs conforté dans cette idée, la dame était à 3 minutes à pied de la maison, et elle avait justement une place libre ! Le coup de bol providentiel. Elle n’était certes pas anglaise, mais je prévoyais déjà de lui offrir « l’Anglais pour les Nuls » qu’elle n’aurait qu’à potasser si elle voulait avoir le privilège de garder mon enfant. Pour moi, c’était presque gagné, elle remplissait tous les critères, la rencontre ne serait que pure formalité. Par acquis de conscience tout de même, je passais quelques coups de fil, histoire d’en rencontrer unes ou deux autres – au cas où. J’ai commencé à redescendre de mon nuage au bout du 10ème refus « Désolée, je suis complète » comme la galette. Finalement, cela n’allait peut être pas être aussi simple.

Ainsi vint le temps des rencontres.

J’avais tout de même réussi à caler 4-5 rendez-vous à proximité ; je restais donc tout à fait niaise optimiste sur le sujet.

J’avais juste oublié que je ne cherchais pas quelqu’un pour repasser mes chemises, mais pour s’occuper de mon bébé. MON bébé.  La prunelle de mes yeux, ma chair, mon sang, ma vie.

Rencontrer ces dames allait me remettre les idées en place. Entre celle qui entasse 4 gamins dans un 40 m2, celle qui camoufle l’odeur de cigarette de son appartement à coup de wizard « océan », celle qui rigole quand son chat saute dans le berceau « Attention n’emmenez pas mon chat uhuhuh », celle qui ne parle QUE du contrat et ne regarde même pas le bébé, celle qui est devenue nounou « Parce que j’étais cadre à Paris et que je n’ai pas trouvé de boulot ici », celle qui commence l’entretien par « Je comprends pas, je trouve pas d’enfant à garder alors que ce n’est pas ce qui manque ?! »… J’ai vite déchanté.

Déjà parce que j’ai réalisé que les nounous, elles faisaient ça chez elles.

Je le savais hein, mais j’étais assez cruche pour imaginer qu’une maison de nounou, c’était forcément un mini Disney Land : avec des tapisseries Bisounours et Winnie l’Ourson dans toutes les pièces, des tables et des chaises taille Lilliputien dans la salle à manger et des toboggans à la place des escaliers. Mais non. L’intérieur d’une nounou (enfin, de sa maison) est semblable à n’importe quel intérieur. Et puis surtout, c’est SON chez elle. SON intimité. Et d’imaginer MON bébé dans SA maison, j’étais déjà jalouse. J’aurais quand même pu me faire à cette idée, si parmi elles j’avais trouvé la perle rare.

Sauf que là, je n’avais pas le « feeling ».

Ces dames étaient certainement de bonnes nounous (aehem), mais avec moi, ça ne passait pas. Parfois sans raison objective, je ne pouvais pas leur confier mon fils. J’étais prête à allonger mon congé parental et manger des patates pendant 6 mois plutôt que de leur laisser mon enfant.

A ce stade, j’étais bien redescendu de mon nuage.  J’avais réalisé que peu importe la nationalité, la proximité, la disponibilité de celle à qui je confierai mon bambin, le plus important serait d’avoir la certitude que mon fils (mon bébé, mon amour, mon roudoudou) serait entre de bonnes mains. Et même si on n’est jamais sûrs de rien ; il fallait que JE sois 100% à l’aise avec l’idée de lui laisser MON enfant.

Dépitée par ces entretiens décevants, je suis repartie en quête de la nounou idéale. Sauf qu’il ne me restait plus beaucoup de temps. Et que la plupart des assistantes maternelles étaient complètes, comme la… bon OK non, pas cette fois. Alors, quand l’une d’elles m’a parlé de cette MAM, à Pétaouchnoc, qui avait une place ; je n’ai pas vraiment hésité. Tant pis pour le trajet, si le feeling passait, on se débrouillerait.

C’est là que j’ai rencontré MA nounou.

Enfin, MES nounous d’ailleurs. Je ne connaissais pas le concept des MAM : Maison d’Assistantes Maternelles, et je n’y ai vu que des avantages. Une maison ENTIÈREMENT dédiée aux enfants. Des jouets partout. Un grand jardin qui ressemble au Parc Astérix, des chaises et des tables de Lilliputien – comme dans mes rêves les plus fous -. 3 Nounous, 3 fois plus de sécurité, 3 fois plus de flexibilité, 3 fois plus d’attention pour mon loulou. 12 enfants, 12 fois plus de chances de choper la gastro se sociabiliser et de découvrir la vie en communauté.

On avait rendez-vous un soir.

Il y avait encore quelques bambins qui crapahutaient dans la pièce qui leur était dédiée. Ils avaient l’air de bien s’amuser. 2 des nounous nous ont fait asseoir, sur ces fameuses micro chaises, autour d’une micro table. Avec mes kilos de grossesse persistants, je débordais un peu. Mais j’étais déjà emballée. On a discuté, et le feeling, ce fameux feeling qu’on cherche sans savoir exactement ce que l’on attend, est passé. Tout de suite. On a demandé si on pouvait donner une réponse quelques jours plus tard, et on a rappelé 1/2 heure après être sorti. Moi qui suis plutôt du genre à tergiverser pour tout et n’importe quoi, j’ai pour une fois écouté mon intuition. Même si ce n’est jamais facile de décider de ce genre de chose après une rencontre d’une seule petite heure, j’ai foncé. Il était hors de question que quelqu’un prenne la place, ma place.

Voilà. Je voulais une nounou accessible à pied pour s’adapter à nos horaires, j’ai eu 3 nounous accessibles en voiture et qui nous ont fait modifier notre organisation. On s’est adapté, organisé, pour pouvoir déposer et récupérer notre petit paquet. Ce n’était pas forcément ce qu’on avait prévu ; on perdait un peu plus de temps dans les transports, mais on gagnait en tranquillité d’esprit. Et l’assurance de savoir son enfant entre de bonnes mains, ça n’a pas de prix (pour tout le reste… il y a Biquet).

J’ai mis du temps à m’en rendre compte, mais une nounou, c’est quelqu’un qui va garder, nourrir, divertir, consoler et même éduquer ce que vous avez de plus précieux (je ne parle pas de votre Rolex). Quelqu’un que votre enfant verra autant, voire plus, que vous. Même si elles n’aiment généralement pas que l’on dise ça, quelqu’un qui va presque devenir, pour quelques années, une seconde maman. Alors on ne la choisit pas comme on choisit son dentiste : sur des critères pratiques. On la choisit sur la confiance, l’intuition, le ressenti et un peu le prix aussi. Et pis c’est tout.

La semaine dernière, c’était l’anniversaire de ma nounou.

Elle s’est occupée pendant presque 3 ans de mon fils, et je vois bien que j’ai eu raison d’écouter mon intuition : il l’adore, et maintenant qu’il est en moyenne section, il nous en parle encore. Je ne sais pas si c’est la nounou idéale, mais c’est notre idéal de nounou. Alors, en plus de « Joyeux anniversaire  je voulais lui dire ces 2 choses : 1/ merci pour tout, on vous aime et on ne vous oubliera pas !  et 2/ pour l’installation du toboggan à l’étage, j’ai des très bons contacts, je vous amènerai ça.

Joyeux anniversaire Nounou.

(Et je sais, je sais … je suis en retard. Mais soyez sympa, Ne le dites à Personne ;-))

Et vous, vous l’avez trouvé comment votre nounou ?