C’était il y a deux ans, presque jour pour jour. Je venais de découvrir que nous étions désormais deux en un, et mon humeur allait de pair avec cet état. Vraiment rien de grave – au contraire, mais l’accumulation de petites contrariétés anodines a fini par donner à cette journée une allure de mauvaise blague ; ou le comique de répétition n’est drôle qu’à posteriori. Maintenant, par exemple :-).
Alors, comment ça va ?! Bah, comme un lundi, quoi… !
Rien que parce que c’est le premier jour de la semaine, il suffit de peu de chose pour qu’un lundi lambda soit directement classé en… lundi de merde.
Et c’est exactement ce qu’il s’est passé hier.
Pour commencer, et même si cela n’est pas propre à cette journée en particulier; se lever, s’habiller en pingouin pour aller bosser quand il fait 30°C et qu’il n’y a quasiment personne en ville à part des touristes ; n’est pas ce qu’il y a de plus motivant. Bizarrement, plus je vois l’échéance de mes « grandes vacances » approcher, plus mes journées paraissent durer une éternité.
Je commence donc cette dernière semaine en trainant les pieds.
La matinée se déroule de façon somme toute assez classique.
Vient le moment de la pause déjeuner, et avec lui le début des peripéties.
Au vu de l’énorme activité de mon service en cette période estivale, je m’autorise une pause dej en ville. Me voilà donc dans le centre, au milieu des badauds en short – tong – appareil photo, et autres geeks traquant le Pokemon dans les rues de Bordeaux. L’ambiance vacances qui règne me gagne aussitôt, et j’oublie rapidement le temps qui passe (étrangement beaucoup plus vite que lorsque je suis le cul sur ma chaise de bureau…). Lorsque je me décide enfin à m’intéresser à mon déjeuner, je m’aperçois qu’il ne me reste qu’une petite dizaine de minutes.
Je me dirige donc vers le seul endroit qui me semble pouvoir fournir un repas complet, goutu et sain en si peu de temps : le Mac do.
En temps normal, le guichet « vente à emporter » permet un passage rapide, mais j’ai un peu vite oublié la saison … je me heurte donc à une horde de touristes qui fait la queue (pour y découvrir la gastronomie locale certainement). C’est donc un peu dépitée que je me tourne vers le Daily Monop où je pense pouvoir trouver -si ce n’est un bon gros burger- un sandwich ou une petite salade à manger sur le pouce.
Je rentre dans le magasin – où il fait approximativement 15 degrés de moins qu’à l’extérieur – et me trouve étonnamment déroutée devant cette accumulation de malbouffe. Malgré le manque de temps, je n’arrive pas à me décider. Le choix est immense, mais je ne vois rien qui me tente. Tout est fait pour vous laisser penser que les produits sont cuisinés par des chefs 4 étoiles, sauf … les plats en eux-mêmes. Je prends et repose donc alternativement les « sandwich traiteur excellence » (Cabillaud – julienne de tomates jaunes, sauce chèvre et pointe de menthe) et les « salades du marché du jour » (Chou Kalé – Edamame- Noix de cajou, sauce champignons des bois) repoussée par l’aspect des plats, vraiment peu conforme à leurs descriptions. Je me rabat finalement sur un classique jambon-œuf-crudités et une salade tomate-mozza sans prétention ; qui ont néanmoins le mérite d’assumer le peu de qualité gustative qu’ils proposent.
J’ajoute enfin une mousse au chocolat pour le dessert, seule petite douceur qui me réjouisse un peu dans ce repas sans saveur. Je repars donc du magasin avec mes achats et une pneumonie, Cf. choc thermique intérieur / extérieur.
Sur le trajet retour, je commence mon club sandwich.
Je ne suis pas déçue, il est dégueulasse. A tel point que j’ai soudain un doute sur la date de péremption. Je vérifie, il a été préparé le 21 et est censé être bon (mouahaha) jusqu’au 26. Nous sommes le 26. Par précaution – je suis quand même enceinte depuis au moins mercredi dernier -, je vire donc l’œuf et le jambon qui ne me semblent de toute façon plus très frais, et fini ce qui n’est plus qu’un pain de mie – mayo avant d’ouvrir la salade. Cette dernière me fait exactement le même effet, j’ai l’impression de manger des tomates transgéniques. Je vérifie à nouveau la date, et m’aperçois qu’elle aussi se périme le 26. Pas de pitié pour les croissants tomates, qui rejoignent l’oeuf et le jambon au fond d’une poubelle publique.
C’est donc plus que frustrée par cette pause déj’ que j’arrive au bureau.
Heureusement, j’ai encore en tête la petite mousse au chocolat qui est censée sauver mon repas, et c’est en pensant à ce petit plaisir solitaire et sucré que je m’installe à mon poste, retardant le moment où je vais pouvoir en profiter pour rendre cet instant encore meilleur. (OK, c’est sûrement pathétique de placer tout espoir de réjouissance de votre journée dans un yaourt, mais merde, on est lundi).
Environ 8 minutes plus tard, je n’y tiens plus. Accessoirement mon estomac me rappelle –ainsi qu’à tout l’open space- l’insuffisance des 2 tranches de pain et de la demi tomate pour tout repas. J’ouvre donc le pot. J’y plonge ma cuillère, quand soudain je me rappelle que je n’ai pas vérifié la date de péremption. C’est sans réelle crainte que je retourne l’étiquette du pot ; mais compte tenu de ma récente grossesse et de mes 2 précédentes déconvenues avec la salade et le sandwich à peine frais ; je préfère tout de même vérifier.
A consommer de préférence avec le 25 juillet.
La stupeur fait très vite place à la colère et à la frustration. En ¼ de seconde, le souvenir d’une intoxication alimentaire me revient. De rage et de dépit, je balance immédiatement le pot au fond de ma poubelle.
Je commence à prendre la mesure de ce lundi de merde tandis que je regarde le chocolat couler sur les lambeaux de papiers et mouchoirs usagés de ma corbeille. Quand mon œil est soudain attiré par le calendrier accroché juste au-dessus. PUT*** DE BORD** DE M****, on EST le 25 !!!!
Je ne sais pas si c’est de l’ordre de l’instinct ou de la survie, mais mon premier réflexe est de tendre le bras pour rattraper mon yaourt. Heureusement, la raison me revient et je me ravise aussitôt, même si j’avoue avoir hésité à racler la poubelle à la petite cuillère. Malheureusement je ne suis pas seule, et un reste de dignité m’empêche de me mettre à 4 pattes au-dessus de ma poubelle au beau milieu de mon open space.
C’est officiel, c’est bien un lundi de merde.
Mais je ne vais pas me laisser démonter comme ça. Mon corps bébé me réclame du sucre, je vais lui donner du sucre. J’attrape ma clé pour aller au distributeur de gâteaux.
Je prends également mon porte-monnaie, sûre d’y trouver 2 ou 3 euros pour compléter le crédit de ma clé et enfin m’offrir ma dose de chocolat.
J’arrive à la machine, insère ma clé. 0.31€ de crédit. Même pas de quoi me prendre un chocolat au lait. J’ouvre mon portefeuille pour compléter, et une fois de plus, mes nerfs sont mis à rude épreuve. Où sont ces put*** d’euros ?! Je rassemble péniblement 0.6€ mais pas l’ombre d’une pièce d’un euro…
Bon. 0.6€ + 0.31€ = 0.91€ ; à priori la plupart des barres est à 0.90€ ; je devrais quand même m’en sortir.
Je vide ma monnaie dans la machine, puis regarde ce qu’il y a. Rien de très tentant, mais un Bueno devrait faire l’affaire. Je compose le code, mais rien ne se passe. Je lis le message :
Crédit insuffisant.
Crédit insuffisant ?! Je reste interdite…
Je vérifie, et Ô rage, Ô désespoir ! Le Bueno serait donc un produit de luxe ? Il est facturé 1.05€ ! Je jette un œil autour, et m’aperçois qu’en fait, aucune barre chocolatée n’est à la portée de ma bourse ; le « premier prix » à 0.95€ étant réservé à un pauvre Balisto qui doit chercher preneur depuis 1986.
Je suis à 2 doigts de fondre en larme devant la machine. J’hésite entre me rouler par terre pour attirer l’attention d’une âme charitable qui viendrait me prêter 14 centimes, où dire à mon chef que je ne suis plus en état de travailler et dois rentrer immédiatement chez moi, pour cause de maltraitances alimentaires à répétition sur jeune femme enceinte de 2 jours.
J’aurai certes pu aller taxer ma collègue-que-j’aime-bien (ou plutôt mon chef-que-je-haie) mais, pressée par une personne qui attendait derrière moi (un riche qui s’est payé un Bounty PLUS un Mars) ; je valide précipitamment et presque malgré moi le seul truc sucré à la portée de ma bourse : une gaufre. Une gaufre « distributeur automatique » donc, c’est-à-dire immonde.
J’ai finalement passé le reste de l’après-midi à tousser pour masquer les gargouillis de mon estomac indigné par ce que je lui avais fait subir.
Je suis rentrée chez moi de très, très mauvaise humeur ; et découvrant qu’il n’y avait rien de très réjouissant à manger pour le diner, j’ai décidé de faire la gueule jusqu’à la fin de la journée.
Alors, OK ; tout cela est vraiment loin d’être grave ; c’est même plutôt rigolo, à posteriori.
Mais ce sont ces petites choses qui, mises bout à bout, font de votre lundi, un vrai lundi de merde.
Et vous, vous avez connu ces petites contrariétés, ces lundis pourris ? Je vous souhaite en tout cas bien du courage pour le prochain. Quant à moi ? je suis à peu près sûre de passer un bon lundi. Et oui, je serai en vacances. Mais chut, Ne le Dites à Personne 😉
28 comments
Ha ha!! Comme d’habitude Je me régale en te lisant! Oui j’ai déjà eu des enchaînements de ce type, un jour de fatigue ou alors un enchaînement sur plusieurs jours!
Ça fait toujours son petit effet!! 😉
Je ne sais pas si c’est qu’on le remarque d’avantage mais ce genre de contrariété arrive toujours en série … Bon enfin, c’est plus rigolo que dramatique (et ça m’avait donné de quoi raconter une histoire :-P) Merci en tout cas 🙂
Et moi qui avais peur d’apprendre une maladie…
J’ai bien ri par, c’est vrai, ton lundi de merde.
Arf je voulais justement éviter de faire croire à un récit catastrophe, c’est évidemment à prendre au second degré :-p Si toutes mes journées de merde ressemblaient à celle-ci je serai bien heureuse 😉
J’adore te lire quel talent et bonnes vacances alors
Oh bah merci 😉 Bonnes vacances à toi aussi !
LOL Tu m’as encore bien fait rire. Le summum étant de t’être aperçue de la date APRES avoir tout jeté !
Bises
Cécilia
Je te promet que j’ai eu envie de lécher ma poubelle, 2 ans après je m’en souviens encore :-p
Merci à toi, bises !!
Quel article ! merci pour ce bon moment de lecture ! Il y a des jours comme ça où Madame la Poisse est lourdement enquiquinante mais quand c’est le lundi c’est cadeau !
Merci à toi de venir me lire 🙂 Et vive le lundi !!
Pas toujours facile le lundi, je compatis ! En tout cas merci de m’avoir fait rire !
Tout le plaisir est pour moi 🙂 Merci à toi d’être passé par là !!
Ce sont ce genre de merdes qui sont si savoureuses à raconter, et tu le fais très bien!
Merci !! Oui; c’est sur que les « vrais » ennuis se prêtent moins à des récits comme celui-ci ! Des fois ça fait aussi du bien de se plaindre des petites futilités 🙂
Haha ! J’ai bien rigolé 😉 Bonnes vacances en tous cas !
Merci beaucoup ! Bonnes vacances à toi aussi 🙂
Oh oui, quelques années après, ça peut prêter à rire mais alors sur le coup, quelle galère !!!
ça reste des gentilles galères et puis ça fait des trucs rigolos à raconter, finalement c’est presque tout benef’ en fait 😛
J’adore ton histoire de détresse aiguë du kinder bueno et de la mousse au chocolat 🙂 chienne de vie !
Tu m’étonnes. Parfois la vie est vraiment trop injuste. :-p
hahhaah les fameux lundi de merde, nous en avons tous. En tout cas, j’espère qu’aujourd’hui tu auras un beau et magnifique lundi
Merci (à retardement ;-)). Et oui, il y a des lundi de merde. Et puis parfois des mardi de merde, des mercredi ou des jeudi et même des fois fois des vendredi ou des samedi – voire des dimanche – ;-))
Y’a rien de plus frustrant que les petites emmerdes ! Merci de cet article jouissif !
C’est bien ça, de la frustration ! Rien de grave mais que c’est agaçant … 😉
Pour moi, les lundis sont un éternel « vendredi 13 ». Quand je me dis que ça ne peut être pire, la vie me prouve le contraire, mais avec le temps je m’y suis habituée. De plus, je suis plutôt optimiste.
C’est bien d’être optimiste, ça permet de prendre les choses avec philosophie !
J’ai adoré lire quelques uns de tes articles, ton blog est une belle découverte vraiment !
A bientôt, Marie http://www.bonjoourmarie.com
Merci beaucoup Marie, et bienvenue à toi alors !!