Amis féministes et affiliés, n’ayez crainte. Loin de moi l’idée de faire un article à la Jean-Michel Clichés – bien que j’avoue avoir été tentée – mais regardez bien : j’ai titré Femme au volant…, sans s. Vous l’avez ? Et oui, il ne s’agit des histoires que d’une seule femme et de sa voiture. Comptez sur moi pour reprendre quiconque oserait en tirer des conclusions hâtives sur la conduite féminine, dont je ne suis – fort heureusement – pas représentative.
Réglons aussi tout de suite la question écolo, le sujet « voiture » étant devenu hautement polémique. Mais si : souvenez-vous du drame qu’avait suscité la question sur la Tesla de Tonton Patrick, à Noël dernier… (qui avait mis 7h pour faire Paris-Chartres, dont 4 à attendre qu’une place au chargeur se libère…) Je me permets donc de vous rappeler qu’il est important de privilégier le vélo et les transports en commun dès que vous le pouvez. Et puis, aussi, qu’il faut marcher bouger, manger cinq fruits et légumes par jour, ne pas manger trop gras, trop salé, trop sucré ; que les antibiotiques, c’est pas automatique, et que le tabac c’est tabou, on en viendra tous à bout.
Voilà, on peut commencer.
Donc. Sujet automobile. Qui l’eut cru…
Nouvelle voiture et phénomènes paranormaux
J’aimais bien l’ancienne voiture, moi. Mais il parait que changer les vitesses, regarder dans ses rétros et faire des créneaux, c’est has been. Alors on a fait comme tout le monde, on a changé de modèle. Pour le plus grand plaisir de Biquet. Ah elle est belle, la nouvelle voiture. Elle fait tout toute seule, je peux presque me faire les ongles pendant qu’elle conduit. Elle peut aussi rouler hyper vite, vachement plus que les autres selon le concessionnaire. Je lui ai même demandé si du coup on avait une dérogation, rapport aux limites de vitesse ; et bon, je vous file le tuyau au cas où, mais à priori c’est non. En réalité, elle fait à peu près la même chose que l’ancienne : nous trimballer d’un point A à un point B, mais en version « plus. » Elle est plus automatique, plus écologique, plus technologique. Et puis plus grosse aussi… Mais enfin ! Il faut bien vivre avec son temps, n’est-ce pas… ?
Sauf que depuis que je conduis cette nouvelle auto, d’étranges phénomènes se produisent. J’ai un peu fermé les yeux sur ces manifestations paranormales au début ; mais un soir, Biquet m’a ouvert les yeux : non, les rayures spontanées, les pocs sur le pare-choc et les marques sur la carrosserie : tout cela n’était pas normal. Pose-toi des questions, m’a-t-il suggéré. Et c’est ce que j’ai fait. J’ai contacté les médias, la mairie. J’ai même passé un coup de fil (ou deux) à Cerise de Groupama : l’assurance auto aurait pu avoir une explication à tout ça… Mais non. Déni total. « Apprenez à conduire Madame Delage » qu’elle m’a dit. Ben voyons. Ça va être de ma faute bientôt.
Je vous laisse plutôt juger par vous-même.
Des rues de plus en plus étroites
Premier constat inquiétant : les trottoirs se rapprochent. C’est un fait : les rues rétrécissent. Il est de plus en plus difficile de circuler – se faufiler devrais-je dire – dans les ruelles des centre-ville. Résultat, dès que je prends la voiture, je cogne. C’est infernal, il faut refaire la pression des pneus tous les quatre matins. Et si vous voyiez mes gentes ! Non vraiment, c’était mieux avant, quand les allées étaient larges et les rues immenses. Et ne me dites pas que les voitures sont plus grosses : les constructeurs connaissent quand même leur métier. Quand on sait toutes les analyses d’environnement, les années d’études et de prototypage qu’il faut pour lancer un nouveau modèle, difficile d’en douter. Mais là où les designers font tant d’effort pour adapter les véhicules à l’espace urbain, d’autres s’amusent à rétrécir les voies de circulation en douce, apparemment. Parfois même dans la nuit ! Biquet ne me croit pas, c’est pourtant ce qu’il s’est passé pas plus tard qu’hier. Et bam, encore une apparition spontanée sur l’aile droite. Flippant.
Des attaques de rétroviseurs…
J’avoue avoir été un peu sceptique devant la prolifération de SUV et autres grosses berlines, au début. Mais depuis que j’en conduis une, j’ai compris ! Si on nous propose des 4×4 pour rouler en ville, c’est pour une bonne raison : il faut bien ça pour résister aux attaques de rétros. Un vrai fléau. En ce qui me concerne : 3 agressions, sur le seul mois dernier. Rien ne vous prépare à cela, croyez-moi. Vous êtes tranquillement en train d’éviter le trottoir qui se rapproche subrepticement de votre roue, quand vous vous faites agresser par le rétro d’une énorme voiture garée de l’autre côté. Ça peut arriver partout, tout le temps. Et ne croyez pas être épargnés dans les beaux quartiers : à Bordeaux par exemple, c’est dans les rues escarpées des Chartrons que j’ai subi les plus violentes attaques. Un vrai traumatisme. Depuis, je ne sors plus sans protection : j’ai toujours mon scotch double face sur moi. On se défend comme on peut…
Et la violence des lampadaires…
Je ne m’explique toujours pas le silence assourdissant des médias à ce sujet. De plus en plus de gentils conducteurs de grosses voitures se font agresser en pleine ville ; dans l’indifférence la plus totale. Les trottoirs, les rétros, et voilà que les lampadaires s’y mettent. La première fois que ça m’est arrivé, c’était sur le parking de ma nounou. J’avais pourtant l’équipement de protection maximum : bip-bip et radars de recul, doublés de la caméra : on n’est jamais trop prudent. Avant, quand j’avais l’ancienne voiture, je me tordais le cou pour vérifier qu’aucun agresseur ne se planquait derrière moi. Mais avec tout cet équipement, à quoi bon ? Sauf que ce traître s’est positionné pile entre les deux récepteurs. Vicieux, le réverbère. Il a donné un coup sec dans le pare-choc, s’est mis à trembler comme un parkinsonien, et a littéralement abattu sa grosse boule sur mon toit. Dieu merci, nous en sommes ressortis sains et saufs, le toit et moi. Mais depuis, Nounou ramène loulou dans le noir… Par les temps qui courent, avouez que c’est quand même embêtant.
Mais, heureusement pour la femme au volant, la voiture est intelligente…!
Il y aurait encore tant à dire… Les places qui rétrécissent, les rues piétonnes qui se multiplient, les plots et les arbres qui se planquent pour vous sauter dessus… On ne peut plus fermer les yeux : l’insécurité augmente, les incivilités se multiplient. Mais heureusement pour moi, pauvre femme au volant malhabile ; désormais, les voitures sont intelligentes. C’est ce que le concessionnaire a tenu a préciser, en s’adressant principalement à moi, d’ailleurs, c’est drôle. « Vous savez Madame, ce n’est pas un simple véhicule : c’est aussi un véritable copilote ! » Ah ! Ouf, sauvée alors ! Super-bagnole est là pour te guider. Tu vas trop vite ? Bip-bip, ralentis. Tu freines un peu tard ? Bip-bip sois prudente. Tu mords un peu la ligne blanche ? Bip-bip redresse-toi. Tu lâches le volant 2 secondes pour te gratter le nez ? Bip-bip reposes tes deux mains. Tu conduis depuis plus de 2h ? Bip-bip, arrête-toi… Elle tourne même le volant ou freine à ta place si besoin. On pourrait presque croire que tout ces Bip-bip, c’est pénible, à la longue. Et bien oui, c’est pénible. Très. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’on peut (presque) tout débrancher ! Ouf, sauvée (bis.)
Dernier avantage de la voiture intelligente – et pas des moindres : en cas de problème, la voiture vous prévient. Comme l’a très justement fait remarquer le concessionnaire : c’est drôlement rassurant, surtout pour les longs trajets ! Et effectivement, la notre nous a déjà alerté. Beaucoup. Tout le temps. La première fois, au beau milieu d’un interminable Orléans-Bordeaux : « Problème de pression, regonflez vos pneus. » Ah. OK. On s’est arrêté, une fois, deux fois, on a regonflé, une fois, deux fois, et on a compris qu’il y avait une jauge. L’alerte se déclenchait dès qu’elle passait dessous. Plutôt que de regonfler, on l’a baissé.
Et puis, au fil des mois, on a eu plein d’autres messages… #coeuraveclesdoigts. Par exemple : « Défaut moteur, faites réparer le véhicule. » « Défaut système de traction électrique, faites réparer le véhicule. » Un peu flippant, au début. Mais avec le temps, on s’habitue. Parce qu’en réalité, ce n’était jamais rien de grave : « Un simple bug électronique » qui « disparaitra en redémarrant – ou avec la mise à jour système. » « N’y faites donc pas attention ! » qu’il a dit, le garagiste. Ah, ouf, nous voilà rassurés. Depuis, on ne lit même plus les messages, mais on est quand même bien contents de savoir que s’il y a le moindre problème, on sera alerté.
Bref ! Vous l’aurez compris, par les temps qui courent, je suis ravie de pouvoir compter sur cette formidable voiture. À tel point que j’envisage sérieusement de me mettre à la trottinette, au train et au vélo. Ah mais ça, ne le dites à personne, et surtout pas à Biquet…
7 comments
L’article qui tombe à pic puisque je me suis aussi fait « agresser » la semaine dernière (par un poteau, saleté)
Je vais faire passer ton texte à mon mari !!
Ah, je savais bien que je n’étais pas la seule 😉 Bon courage pour le debrief héhé
Tout s’explique… j’avoue j’ai souri sur la voiture électrique, surement parce que je me retrouve un peu là-dedans…..
Ahah la fameuse voiture électrique… (bon en vrai c’est une hybride, le pitch c’était les avantages sans les inconvénients mais je ne sais pas si c’est pas l’inverse finalement :-P)
Très drôle…et très vrai!
Merci pour cet article
Tout le plaisir est pour moi 😉 Merci pour votre petit mot !
Un vrai plaisir de lire cet article! Acheter une nouvelle voiture c’est dangereux dit donc! Par chance, je ne me suis jamais faites agresser et grâce à toi, je vais ouvrir les deux yeux!