Je n’avais pas prévu de ressortir le blog du placard pour l’occasion, mais les réseaux étant trop étroits (en nombre de caractères) (pas d’esprit) (ça se saurait) pour accueillir mon récit ô combien palpitant, je me suis décidée à dépoussiérer et enlever les quelques toiles d’araignées qui trainaient ici et là, pour les remplacer par ces sympathiques photos légendées ci-dessous. Ne me remerciez pas, c’est cadeau.
(Je vous serai néanmoins reconnaissante de ne pas tirer de conclusions hâtives quant au lien entre le bouquin cité ci-dessus et les illustrations apposées ci-dessous, il faut bien tout lire pour comprendre, ça s’appelle du teasing (ou un suicide, à vous de juger)).
Donc, j’ai lu Impact d’Olivier Norek.
Et mon esprit (tordu ? nooon) a fait le rapprochement avec cette étonnante promenade estivale dont le souvenir me hante encore, et que je vais de ce pas vous conter.
C’était l’été 2020, le milieu du mois d’août pour être exacte.
Il faisait beau, il faisait chaud, les oiseaux chantaient et les gens circulaient sans attestation, comme si le covid n’avait jamais existé, en un mot, c’était merveilleux. Malheureusement, tout cela n’était qu’un leurre, et les dommages collatéraux du confinement nous avaient poussé à envisager cette sortie dans les bois avec les enfants (ceux qui connaissent l’histoire du Petit Poucet auront donc compris dans quel but).
Parents abandonniques, certes, mais cruels, non. Avant de nous résoudre à nous séparer de notre progéniture pour quelque temps, nous avons tout de même décidé de profiter de l’occasion pour passer un agréable moment en famille, explorer ces territoires – presque – vierges que sont les forêts du bassin, découvrir tous les trésors dont la nature recèle (et puisqu’il faut toujours chercher des trésors pour motiver les enfants à sortir de leur tanière) ; écouter le doux bruit du vent dans les arbres et respirer le bon air iodé empli de l’odeur de la sève des pins tout en guettant les traces d’animaux fantastiques nous ayant précédés dans cet oasis de verdure encore préservé.
Bref, c’était beau, au moins sur le papier.
Sauf que.
Sauf qu’à peine sortis des sentiers tracés, nous sommes tombés sur le premier « trésor », les premières « traces d’animaux fantastiques passés ici avant nous », et dont je ne vous fais pas grâce des images, tant il me tient à cœur de partager avec vous ce moment hors du temps (et de l’entendement), pour que vous puissiez bien en visualiser, ressentir (et presque sentir), les effets.

Promenons nous dans les bois, pendant que l’homme n’y est pas…
J’ai beau chercher une formule littéraire qui pourrait m’épargner le référencement du blog en des termes fort peu souhaitables, je ne vois d’autre façon de le dire : nous sommes bel et bien tombés sur un gros tas de merde, copieusement accompagné de son lot de PQ (destockage de ceux qui l’avaient outrageusement stocké quelques mois auparavant, probablement).
Légèrement dégoutés par cette première rencontre (« Oh maman, un trésor, c’est quoooooaaaaa ?! »), nous avons modifié notre route pour nous éloigner encore un peu plus de la « civilisation » et des ses « traces ». Malheureusement, à peine quelques mètres plus loin, nous sommes à nouveau tombés sur la même scène, et encore plus loin, et puis aussi à gauche, et même à droite, en haut, en bas, partout, comme dans une chanson de Yannick (ceux qui savent ont probablement connus ces soirées là) ; car oui, il y en avait partout, réellement, des tas et des tas de merdes, et à moins que les écureuils ne se soient mis à se torcher le cul avec du lotus, au vu des rouleaux presque entiers systématiquement déposés à côté, comme pour bien marquer son empreinte sur le territoire ; je crois pouvoir affirmer sans trop me tromper qu’il s’agissait bien d’étrons de la pire espèce animale qui soit : des cacas d’Homme.
Au bout de la dixième ou douzième déconvenue, entrecoupées de nombreuses autres découvertes de « trésors » de la nature (des masques et des cartouches, en veux-tu, en voilà), nous avons abandonné l’idée de la balade plutôt que les enfants, et c’est très (très très) en colère que nous avons renoncé à notre « promenade instructive dans la nature » et sommes rentrés en nous disant que même un tour dans les chiottes des trains SNCF aurait été plus agréable et moins gerbant. J’étais, nous étions – et nous sommes encore d’ailleurs – atterrés et dépités, et pas seulement par les comportements de certains, mais aussi par tout ce qu’ils impliquent.
Comment pourrait-on sensibiliser l’humanité aux questions écologiques quand certains ne sont même pas capables d’au moins enterrer ou recouvrir leurs déjections avec un peu de sable – ce que même un con de chat sait faire ?!
Par sidération, ou par anticipation peut-être, j’ai tenu à prendre quelques clichés avec l’idée d’en faire un article, idée depuis jetée aux oubliettes comme les 274 articles qui végètent dans mes brouillons, jusqu’à la lecture de ce bouquin. (on y vient, on y vient).

Les trésors de la nature…
Car voyez-vous, la seule envie qui me soit venue après cette douloureuse expérience, fut celle de me planquer dans les bois et d’attendre le passage du prochain spécimen venu déposer son petit paquet au pied des arbres, de l’attraper par la peau du cou, et de lui coller le nez dedans. Après tout, c’est bien comme ça que certains apprennent à leur chien à ne pas se soulager n’importe où ; et si ça marche avec les canidés, ça devrait aussi fonctionner sur des êtres à peine plus cérébrés que leurs cabots, non ? Je l’aurais fait, je vous assure, si seulement j’avais fait le double de ma taille et le triple de mon poids, et pas du tout si j’avais eu plus de patience et de courage, comme vous avez l’air de le sous-entendre (je vous entends d’ici). Mais, la vengeance est un plat qui se mange froid…
Car c’est exactement ce qu’Impact a fait pour moi.
Ne vous méprenez pas, il n’est pas question dans le livre de ces personnes qui prennent la forêt pour lieu d’aisance – encore que, l’allégorie n’est pas loin -, et j’espère que l’auteur me pardonnera cette longue (et douteuse) digression. Mais à la fin de cette lecture, j’ai bien la sensation qu’Olivier Norek a réussi – magistralement – ce tour de force : nous « mettre le nez dedans », tout en nous divertissant.
Portrait du « plus grand tueur en série de l’histoire », état des lieux d’une société qui marche sur la tête : Olivier Norek frappe là où ça fait mal. Je dois dire que malgré la colère que le livre a fait (re)naitre – les conséquences déjà bien trop évidentes du réchauffement et de la pollution y sont méthodiquement présentées, et le cumul des manquements d’à peu près toutes les strates (de l’état aux entreprises en passant par certains citoyens) est purement révoltant ; je tire une certaine jouissance de cette lecture, rien qu’à l’idée de pouvoir balancer le livre à la tête de ceux et celles qui m’opposent régulièrement le très hypocrite « on ne savait pas », ou pire, le très fameux « ça n’existe pas » en leur conseillant de le lire. (Et puis, je dois bien le reconnaitre, ça m’évitera de devoir argumenter moi-même). Et de rêver enfin, pourquoi pas, qu’il participera à réveiller quelques consciences, de celles qui pourraient agir autrement et plus largement qu’en confectionnant leur lessive maison (mais chacun fait ce qu’il peut à hauteur de ses propres moyens, dit celle qui rachète des bidons d’Ariel régulièrement).
Tout dans ce livre est remarquable, (comme toujours chez cet excellent éditeur ^^) de la couverture (une surprise s’y glisse) aux dialogues – la démonstration faite en fin de livre est implacable – en passant par ces scènes que l’on aimerait forcément voir se réaliser : là, je laisserai à chacun le soin de faire sa sélection en se posant l’éternelle question de ce qui est bien et de ce qui est réellement mal. Je ne détaillerai pas ici plus l’histoire : c’est le liant qui permet de rendre digestes et peut-être plus tangibles les innombrables faits et preuves que l’homme est allé trop loin, et qu’il est urgent d’agir.
Bien sûr, certains esprits chagrins feront remarquer que dans la vraie vie, tout n’est peut-être pas aussi noir ou blanc, et c’est sans doute le propre d’un roman que d’exagérer certains points pour en accentuer le message. Et pourtant, en ce qui concerne la thématique, je ne suis même pas certaine qu’il y ait beaucoup d’exagération…. J’imagine qu’il y aura toujours des sceptiques, de ceux qui me réclameraient une étude prouvant qu’il s’agissait bien de merde humaine et pas de bouses de sangliers sur lesquelles se seraient déposées quelques feuillets envolés (hein, qu’est ce qui nous le prouve, après tout, hein?!), ou de m’opposer que ce n’est pas parce que j’ai observé ça dans une partie d’une forêt d’une région d’un pays, qu’il faut tirer des conclusions sur toute ou partie de la population. (Et ce, malgré une expérience similaire en Vendée et dans le sud, n’est-ce pas Rachel ;-)). Tant de volonté à nier l’évidence me sidérera toujours (« je ne vois pas, ça n’existe pas ! »), mais pour ceux qui n’ont apparemment pas encore eu le bonheur de « marcher dedans » et d’expérimenter par eux mêmes les conséquences de la pollution et/ou le cynisme de certaines grandes entreprises et de nos gouvernements (ça ne saurait plus tarder) : une vingtaine de pages de références en fin de livre étayent chaque citation, fait ou anecdote.

Mais eux au moins, ils ont le bon goût de ne pas arriver tous en même temps en réa.
Il y a enfin ceux – mes préférés – qui argueront que le réchauffement est un phénomène naturel à peine accentué par l’homme, les mêmes qui, s’ils se retrouvaient pris dans l’incendie de leur baraque, continueraient sans doute à balancer un peu d’huile sur le feu au prétexte que « c’est pas moi qui ai commencé ». Ceux là attendent sans doute d’avoir de la merde entre les doigts de pied pour se sentir un peu concernés (et oui parce qu’après tout, les morts « on les connait pas alors on s’en fout », n’est-ce pas). Je les défie toutefois de lire ce bouquin et de regarder leurs enfants dans les yeux, en leur promettant un avenir radieux après ça.
Évidemment, avec cette conclusion qui ressemblerait presque à l’annonce en directe de la fin du monde, pourquoi aurait-on envie de lire ça ?! Déjà parce que ce n’est pas un manifeste, mais bel et bien un thriller efficace à l’écriture acérée, et aussi parce que rien n’est encore impossible, sauf si on tarde encore à s’y mettre. Et c’est sans doute là tout le message à faire passer…
Bref, ce livre est nécessaire… voire indispensable
Vous l’aurez compris, je vous encourage sincèrement à découvrir Impact, et surtout à le faire découvrir à ceux qui ne seraient pas déjà acquis à cette cause. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus évident, tant le mot « écologie » déchaine de passions, mais enfin, je ne suis pas certaine qu’il ne s’agisse que de cela, c’est presque une question de survie, et d’humanité désormais…
Et puis, au risque de casser l’ambiance, souvenez-vous que vous risquez d’avoir quelques soirées pour lire ces prochains jours, alors précipitez-vous chez votre libraire avant d’être obligé de passer par Amazon, par pitié 😉 et venez me dire ce que vous en avez pensé !
13 comments
Aaaaahhhh, Mister Norek (avec le « r » roulé sous les aisselles)!!! A quand un atelier confection de tablette de lave vaisselle ?
Ce sera ma priorité au déconfinement (ou pas ;-))
Je suis déjà largement acquise à la cause donc ça me donne bien envie de le lire ! Et je le passerai autour de moi… (mais sans déconner les gens sont crades à ce point là??!!)
Il faut le croire… et oui c’est une lecture nécessaire, tu me diras ce que tu en auras pensé !
Ehhh oui…. Les gens sont crades à ce point ! Crades, irrespectueux, ou bien… Juste très con 🤔. Ou les 3 à la fois si ça n’est pasbun pléonasme
Ouais… enfin pas tous, j’espère (sinon on est définitivement perdus ;-))
Alors donc au cap ferrrrret les gens se promènent avec leur rouleau de PQ sous bras…en tout cas merci pour ta bonne prose et merci pour le conseil lecture, je le mets sur ma liste 😉
Bonne lecture à toi ! c’était la proche banlieue du ferreeeeet je ne vois que ça ^^(et en vrai c’est peut-être bien là où il y a les pires spécimens ;-))
mon fantasme secret est de courir après une petite vieille à chien, et de lui aplatir la merde chaude de son clébard sur la tête… Je ne suis jamais passée à l’acte mais j’y pense à chaque fois !
Ahaha je connaissais les punk à chien mais j’aime bien le concept de la petite vieille à chien !! Et puis au moins sur cette cible, pas de problème de carrure… n’oublie pas de filmer si tu passes à l’action 😉
Première fois qu’une chronique littéraire me fait marrer merci pour l’originalité – je grince des dents en lisant ça quand même.
Pas sure d’avoir le moral pour lire ça en ce moment mais je me le note c’est un sujet primordial et si personne n’en parle…
Superbe bouquin que je viens de finir…
Je l’ai commencé sans être sûre d’aller au delà de 3 pages mais… j’ai été happée.
A mettre entre toutes les mains, surtout les jeunes mains, qu’elles prennent conscience de l’urgente urgence.
Oui je suis bien d’accord avec vous, tout le monde devrait le lire !